Une anglophone ne peut se faire répondre en anglais par la SQ
Marie-Christine Bouchard
La Tribune
SHERBROOKE
La colère gronde chez un couple de Scotstown, qui a téléphoné deux fois à la Sûreté du Québec sans être en mesure de se faire répondre en anglais par un répartiteur. Jodie Dickerson est d'origine américaine et ne parle que l'anglais. Comme elle est également paraplégique, la situation inquiète grandement son mari.
Un vendredi soir de la fin mai, des jeunes s'en sont pris au chien du couple, qui se trouvait dans sa cour, à l'extérieur de la maison. Sorti pour discuter avec eux et s'apercevant que la situation dégénérait, Christopher Dougherty a demandé à sa femme d'alerter les policiers.
"Quelques secondes plus tard, ma femme m'a crié de venir au téléphone parce que le répartiteur ne parlait pas anglais. Il ne comprenait pas ce que ma femme demandait", a raconté M. Dougherty.
Si la situation n'était pas dramatique à ce moment-là et que l'époux a pu prendre le relais sans trop de difficulté, l'inefficacité du service inquiète néanmoins le couple. En effet, Mme Dickerson étant paraplégique, les risques d'avoir besoin des services d'urgence s'avèrent bien présents, surtout lorsqu'elle se trouve seule à la maison.
"Ce n'est pas normal que les répartiteurs ne parlent pas anglais au Québec, surtout en Estrie, où il y a beaucoup d'anglophones. Le répartiteur n'a même pas essayé de transférer l'appel à un collègue! Quand on appelle la police ou le 911, c'est parce qu'on a besoin d'aide", s'exclame Christopher Dougherty.
Du côté de la Sûreté du Québec, on assure que le service policier a la responsabilité de répondre aux appels des citoyens puisque la police devient un point de chute important lorsque les gens se retrouvent dans le besoin.
"Il n'y a aucune obligation de bilinguisme pour les répartiteurs. Par contre, les équipes du Centre de gestion des appels sont conçues de façon à ce qu'il y ait toujours au moins une personne bilingue par équipe. Si cette personne se trouvait en vacances ou à l'extérieur du bureau, par exemple, le répartiteur devrait transférer l'appel à un policier sur la route afin que le citoyen puisse obtenir une réponse de façon convenable", explique Louis-Philippe Ruel, agent d'information pour la SQ en Estrie.
L'agent Ruel n'était toutefois pas en mesure de donner davantage d'information sur la situation précise qu'a vécue le couple Dougherty et Dickerson. "Ce que je peux vous dire, par contre, c'est ce qui devrait arriver, normalement, quand quelqu'un appelle notre service de police. Nous sommes dans l'obligation de fournir ce service, même dans d'autres langues lorsque c'est nécessaire, et le système a été mis en place pour que nous puissions le faire", conclut-il.
Mis au courant de ce cas particulier, le policier responsable du Centre de gestion des appels en a d'ailleurs profité pour réinformer ses troupes des procédures à suivre lorsqu'un anglophone se trouve au bout du fil.
De son côté, Christopher Dougherty n'a pas l'intention d'aller plus loin avec cette affaire et ne portera pas plainte.
Source: La Tribune, via http://www.cyberpresse.ca