Sous-titres du Téléjournal Québec: cherché l'erreure!
Richard Therrien
Le Soleil
Les malentendants qui profitent des sous-titres lorsqu'ils regardent la télévision doivent souvent user d'imagination et de vitesse d'esprit pour déchiffrer ce qu'on leur envoie à l'écran. Surtout lorsque les propos sous-titrés sont prononcés en direct et transcrits au son, comme c'est le cas aux nouvelles.
C'est une habituée du Téléjournal Québec de Radio-Canada, Mme Gertrude P. Gignac, qui a alerté Le Soleil, indignée. Elle a relevé pour nous une vingtaine d'horreurs orthographiques et grammaticales aperçues récemment dans les sous-titres pour malentendants, et que seraient capables d'identifier des élèves de deuxième année du primaire.
Parmi celles-là, notons les plus flagrantes: notre ferme a «bruler» (brûlé), «Louis Mot Faite» (Loui Mauffette), 18 et 19 «septembres» au «Palemon calme» (18 et 19 septembre au Palais Montcalm), «ote-m'en» technologique (hautement), que les étudiants «fasse le sot» (fassent le saut), pour «les dés» à s'en sortir (l'aider), et les Invincibles «lances» un album (lancent).
En réaction, Mme Gignac écrit ceci: «Décidément, les pauvres malentendants reçoivent d'étranges leçons de français et de grandes leçons de sottises. (...) S'il vous plaît, ne nous imposez plus cette vision de notre belle langue martyrisée de cette façon! Prenez les mesures nécessaires pour éviter ce manque de respect.»
À Radio-Canada, on explique que les propos prononcés en direct au Téléjournal Québec sont transcrits conjointement par des sténotypistes à Montréal et par un système de reconnaissance de la voix. La station de Québec teste depuis deux ans un projet pilote, Dragon, qui n'est visiblement pas infaillible.
«Nous sommes en pénurie de sténotypistes», explique la directrice de Radio-Canada à Québec, Louise Cordeau, pour justifier les nombreuses erreurs et le recours au système de reconnaissance vocale. «Certains sténotypistes sont présentement en formation à Ottawa et seront disponibles bientôt.»
N'empêche, la station n'a certainement pas l'intention de se départir de son système de reconnaissance de la voix. Chef de l'exploitation de Radio-Canada à Québec, Diane Charbonneau admet que le système Dragon connaît des ratés, mais affirme qu'il ne cesse de s'améliorer. «On se rend compte qu'il passe moins d'erreurs chez nous que chez la concurrence», dit-elle.
Selon Mme Charbonneau, le travail de sténotypiste demande un niveau de concentration très élevé, auquel conviennent bien peu de candidats. «Dans les périodes de vacances, nous pouvons avoir de jeunes nouveaux ou nouvelles. Nous faisons un suivi pour qu'elles fassent plus attention. Il y a une très haute préoccupation chez nous sur la qualité du français.»
La question à se poser: doit-on tester ce système en ondes ou ne devrait-on pas le mettre au point avant de l'imposer aux malentendants? «Nous avons le choix de ne rien avoir ou d'avoir un système imparfait», répond Louise Cordeau, qui préfère la seconde option.
Au plus tard en septembre 2008, le CRTC obligera les diffuseurs francophones à sous-titrer la totalité de leurs émissions, alors qu'ils ne doivent le faire qu'à 60% présentement.
Source: http://www.cyberpresse.ca