«Un automne comme on n'en a jamais eu»
Nicolas Houle
Le Soleil
Québec
La rentrée automnale s’annonce corsée dans le paysage radiophonique de Québec. En plus des joueurs en place s’ajoutent de nouveaux avec CKNU, qui devient Radio X2 et augmente sa puissance d’antenne, CFEL, qui s’étend de Montmagny jusqu’à Lévis dans un format talk, sans oublier CJSQ, la station classique de Jean-Pierre Coallier. Comment compte se battre le 93,3 avec ses nouvelles vedettes Gilles Parent et Martin Pouliot ? Rythme FM saura-t-il trouver sa niche dans la Vieille Capitale ? Le Soleil en a discuté avec Richard Lachance, vice-président radio chez Cogeco.
Q Sentez-vous que la rentrée 2007 est plus importante que les précédentes ?
R Il y a eu beaucoup de nouvelles licences de radio à Québec, ce qui fait qu’on aura un automne comme on n’en a jamais eu dans l’histoire. (...) En raison du nombre de stations, il va falloir que la qualité soit au rendez-vous.
Q Qu’est-ce que de la bonne radio pour vous ?
R Le plus important, c’est la proximité avec l’auditoire. Ça ne veut pas juste dire être dans la rue avec le monde. C’est aussi dans notre animation qu’on se soucie de la grande région de Québec. (...) La radio, c’est comme un chum : il ne faut pas qu’il crie après toi, il faut que tu aies du fun à être avec lui. Il ne faut pas oublier que la radio accompagne les gens dans leur douche, en auto, au gym, dans leur chambre à coucher...
Q La salle des nouvelles du FM 93 a déjà été plus garnie. Comptez-vous y investir pour assurer cette proximité ?
R Nous avons en moyenne deux journalistes sur la route, en plus de ceux la nuit ou les fins de semaine. Il y a un reporter axé sur le culturel, pour Rythme FM, et un axé sur l’actualité, pour le FM 93. Pour l’instant, ça va comme ça. Ç’a certainement été plus important il y a plusieurs années, mais les médias étaient différents.
Q En mettant la main sur Gilles Parent et Martin Pouliot, le FM 93 veut de toute évidence redevenir numéro un. Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour atteindre cet objectif ?
R On fait de l’opinion. Et quand tu fais de l’opinion, tu déranges, mais on le fait avec respect des auditeurs et des gens. Notre mandat n’en est pas un de dérapage. (...) Des opinions corsées, c’est normal que ça dérange. Par contre, s’il y a quelque chose que je mettrais sur la porte du FM 93, c’est le mot respect.
Q Sentez-vous que la radio privée a des responsabilités ?
R On a des responsabilités sociales. Quand tu animes à la radio, tu dois mettre tes dossiers en évidence, présenter ton opinion, traiter du sujet avec des intervenants de façon à ce que les gens puissent se faire leur propre opinion.
Q Quelle est la spécificité du milieu radiophonique de Québec ?
R La radio est très, très écoutée, car il y a une grande qualité d’animation et une façon particulière de faire de la radio. Québec est une ville de débats et d’opinion. La radio a fait bouger bien des choses, en particulier dans le milieu du sport — elle n’a pas fait que de mauvaises choses.
Q Il y a eu une époque où les stations de Québec étaient fortement axées sur l’humour. Le 93,3 a d’ailleurs déjà eu un certain Gilles Parent à la barre du Zoo au milieu des années 80... Le récent départ de Mario Grenier laisse croire que cette époque est terminée. Est-ce une question de mode ou de budget ?
R Les diffuseurs ont délaissé ça, mais je crois que l’humour a toujours sa place. La différence, aujourd’hui, c’est que l’augmentation des licences a emmené une spécialisation des formats. Dans le cas du FM 93, c’est le rock classique et l’opinion. Auparavant, le AM offrait ce que le FM propose aujourd’hui. Pour être honnête, c’est aussi lié à des coûts parce que, pour faire des émissions humoristiques, ça prend des équipes. On peut dire que tout ce qui était de l’humour est davantage devenu de l’humeur...
Q Rythme FM n’a pas eu la vie facile à Québec, depuis son arrivée à l’automne 2003. La station était perçue comme un petit maillon d’une grande chaîne. Cette année sera la bonne ?
R On est arrivés à Québec dans une période tourmentée. On a été brassés de tout bord, tout côté (...), mais il y a une place pour une station comme celle-là, qui vise les femmes de 25-54 ans. On ne peut pas dire que c’est pas une vraie station de Québec : il y a un show du matin et un drive (retour à la maison) qui sont locaux, en plus des autres programmes. L’émission du midi, avec Véronique Cloutier, est réseau, mais ne se limite pas à Montréal puisqu’il y a des appels qui viennent de partout en province...
Source: Le Soleil, via http://www.cyberpresse.ca