Marina aux aurores
Isabelle Massé
La Presse
En un an et demi, RockDétente a ajouté de gros noms à sa grille horaire. Dernière en lice: Marina Orsini, qui pourrait redonner du poil de la bête à l'émission du matin. Mais la principale intéresséeveut d'abord se rapprocher d'un public qui l'adore.
Depuis 20 ans, Marina Orsini multiplie les premiers rôles, souvent à la télé, mais aussi au cinéma et au théâtre. La reine des téléséries n'a jamais manqué de travail sur les plateaux. Le téléphone a toujours sonné. Malgré tout, à l'approche de la quarantaine, la comédienne souhaitait explorer une autre avenue. Il y a quelques mois, sans penser que quelqu'un la prendrait au sérieux, elle a ainsi émis le souhait de faire de la radio. Juste au moment où une place de choix se libérait dans l'équipe de son ami André Robitaille, animateur de Tout l'monde debout, à RockDétente. «Je suis rendue là dans ma vie, confie-t-elle. À dire tout haut ce que je pense, à me questionner, à apprendre sur l'actualité. Je ne suis pas une personne ferrée en politique, mais je suis de plus en plus curieuse.»
Marina Orsini réveille les auditeurs de RockDétente depuis lundi, de 6h à 9h (à 5h30, à compter du 21 août). «C'est la première fois, depuis mon emploi dans une roulathèque à 14 ans, que j'ai des patrons, une paye régulière et un casier!»
«Je vais y aller spontanément, avec mon coeur, poursuit-elle. Mais j'ai tout à apprendre. C'est un univers que je découvre. J'ai eu le trac quelques jours avant la première, mais je ne regrette pas ma décision.»
Contre Patrice L'Ecuyer, nouvel animateur matinal de la rivale Rythme-FM, la coanimatrice pourrait livrer une belle bataille. «Quand une personne comme elle signifie qu'elle veut faire de la radio, ça vaut la peine de l'écouter, indique Johanne Cloutier, directrice de la programmation à RockDétente. La radio est un médium de proximité et d'authenticité. J'ai choisi Marina pour sa notoriété, son charisme et l'amour que l'auditoire lui porte.»
Un bon coup? Johanne Cloutier l'espère. Ça semble bien parti! «Des gens sont venus à la station pour saluer Marina et lui souhaiter bonne chance, le premier matin, affirme Chloé Boissonnault, directrice communications-marketing d'Astral. C'est la première fois que je vois ça!»
Pas trop de pression
Depuis son arrivée en poste, il y a 18 mois, Johanne Cloutier a embauché, outre Marina Orsini et André Robitaille, Élyse Marquis, Jean-Michel Anctil et Dominique Bertrand à des postes-clés en espérant redorer le blason du 107,3 FM, en perte de vitesse. Tout l'monde debout n'est que la sixième émission francophone la plus écoutée à Montréal aux aurores (sa part de marché est de 5,6%, selon le sondage BBM du printemps 2006). «Il y a une certaine pression, explique Johanne Cloutier. La radio, c'est un cycle. On a dominé environ 15 ans. On ne peut espérer que la situation change rapidement. Et comme l'investissement est considérable, on ne peut penser à court terme.»
À quel point Marina Orsini sent-elle que la radio n'est pas qu'un médium de proximité, mais aussi une entreprise qui vise la rentabilité et les profits, souvent rapidement? «Je sais bien que la radio est une business qui fonctionne selon les cotes d'écoute, comme la télé. Mais je ne suis pas touchée par ça. Est-ce mon ignorance ou mon manque d'expérience? Je veux seulement faire mon travail du mieux que je le peux, en espérant que tout se passe bien.»
«Je vais avoir 40 ans en janvier, ajoute-t-elle. J'avais envie de ce rituel quotidien. Peut-être parce que j'ai un enfant. J'ai envie d'avoir un lien autre avec le public, sur une base régulière, car j'aime le monde. Ça m'agresse rarement, d'ailleurs, lorsqu'on vient me parler dans la rue. Probablement parce que j'ai grandi parmi le public, puisque mes parents étaient des propriétaires de boutique.»
Chaque matin, Marina Orsini livre brièvement ses impressions sur ce qu'elle lit dans les quotidiens et s'insurge doucement contre ce qui la tracasse, en plus de donner la météo. «La Marina qui s'est lancée dans cette aventure, c'est la mère de famille et la citoyenne qui ouvre quotidiennement les journaux comme tout le monde, qui est agressée ou charmée par ce qu'elle voit», dit la coanimatrice.
Ce nouvel emploi la rendra plus discrète au petit écran. «On m'a pressentie pour des projets nécessitant 30 jours de tournage, mais c'est impossible d'accepter les propositions, dit-elle. Jusqu'à Noël, je veux faire mes devoirs. La radio est ma priorité.»
Source: http://www.cyberpresse.ca