Levée de boucliers contre la convergence des salles de nouvelles à Quebecor
(CN)- Un propriétaire, plusieurs médias, une seule voix. Telle semble être la vision de Quebecor Média si l'on se fie à la demande qui a été acheminée au CRTC dans le cadre des audiences portant sur l'avenir de la télévision au Canada.
Le conglomérat piloté par Pierre Karl Péladeau estime en effet «obsolète» et «anachronique» les mesures qui garantissent l'indépendance des diverses salles de nouvelles. Une position qui fait bondir les syndicats des employés du Journal de Montréal et du Réseau TVA.
Le Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal et
le Syndicat des employés de TVA rappellent que c'est Quebecor Média lui-même qui, à la suite du transfert de licence avait proposé un code de déontologie
et des mesures assurant l'étanchéité des salles de nouvelles.
Ces garanties avaient été imposées par le CRTC comme conditions de licence puisque le conseil s'était également dit préoccupé par la diversité des voix au Québec dans le secteur de l'information.
«Nous ne sommes pas étonnés outre mesure de la demande de Quebecor, car on sentait déjà des glissements en ce sens. Cependant, cette question devra être débattue lors du renouvellement de la licence de TVA en 2008. La demande de Quebecor va à l'encontre de principes fondamentaux de notre société, principes que la direction de l'entreprise promettait de respecter en 2001. Nous devons nous dresser pour protéger la diversité de l'information, un trait essentiel de toute démocratie en santé», avance Chantal Léveillé présidente du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal (CSN).
Même son de cloche du côté de TVA, «Il y a un risque énorme d'uniformisation des nouvelles et de standardisation. De plus, on doit souligner que même si tous les journalistes partagent la même rigueur professionnelle, ils évoluent dans des sphères totalement différentes. Un reportage écrit et télé sont deux objets qui ont peu de choses en commun, même s'ils traitent d'un sujet identique. Le processus, la recherche, l'écriture, les entrevues, etc. n'ont rien à voir. Je vois mal comment on pourra conserver la qualité de l'information offerte aux citoyens avec un tel mélange des genres», lance Jean Chabot, président du syndicat de TVA (SCFP-FTQ).
Enfin, les syndicats soulignent que l'environnement au pays est déjà beaucoup plus permissif que ce qui existe aux États-Unis par exemple, où on ne peut être propriétaire d'une station de télé et d'un journal en même temps.
«Le CRTC a accepté la propriété croisée, mais avec certaines balises. Il faut au minimum respecter l'indépendance des salles de nouvelles. Sinon, nous risquons de retrouver la même nouvelle partout, à la télé, dans le journal, à la radio, sur le Web, dans les magazines, etc. Est-ce que les citoyens seront vraiment mieux servis si on arrive à cette voix unique et omniprésente? Le danger est grand et nous devons veiller au grain», conviennent du même souffle les deux représentants syndicaux.
Source: http://www.corusnouvelles.com