Figure de Proulx de la radio
Hugo Dumas
La Presse
OK, j'avoue m'être pointé au visionnement de presse de la biographie de Gilles Proulx avec une valise bourrée de préjugés. Sérieusement, qu'est-ce qu'on pouvait bien apprendre de cette grande gueule de la radio qui n'avait pas déjà été éventé sur toutes les tribunes?
Réponse: beaucoup d'informations fascinantes. Seulement avec l'enfance rock'n'roll de Gilles Proulx, un écrivain pourrait noircir des pages et des pages de roman. Né à Verdun dans un milieu ouvrier, l'animateur a grandi au sein d'un foyer très peu conventionnel. Son père, mécanicien, fréquentait ouvertement sa maîtresse (Marie), qu'il a même amenée vivre au domicile familial.
Sa mère, Antoinette, qui nourrissait beaucoup d'ambitions pour ses deux fils, collectionnait les amants. Et tout ce beau monde (la mère, son amant, le père, sa maîtresse, ses enfants, leurs enfants) cohabitait dans un quatre pièces et demie, déclenchant des cancans dans le quartier. «Tout ça va nous travailler intérieurement», témoigne Gilles Proulx dans le document télévisuel, que diffusera Canal D le lundi 4 décembre à 19h.
D'ailleurs, quand les parents de Gilles allaient le visiter au Collège de Longueuil, ses profs hésitaient toujours: ta mère, c'est la rousse ou la blonde? La blonde, répondait le jeune pensionnaire. La rousse, c'est la maîtresse.
À l'école, Gilles Proulx n'a pas été un élève brillant. Il a redoublé deux fois, avant d'être renvoyé sans avoir complété sa 11e année. Son adolescence n'a pas été plus heureuse: à 15 ans, il devient même le chef d'un gang de jeunes délinquants. Influencé par James Dean et Elvis, il admettra avoir beaucoup niaisé, enfilé les mauvais coups et ne pas s'être assez outillé intellectuellement.
À 20 ans, Gilles Proulx se reprend en main et décide de suivre les traces de son grand frère, Jacques Proulx, un animateur de radio très respecté. Il gravira les échelons un à un, de CKVL à CKAC, en passant par CJMS, où il développe son style coloré (inspiré du film Good Morning, Vietnam) en jouant du coude avec Pierre Pascau, son grand rival.
Gilles Proulx a été marié deux fois et il a eu un fils, Nicolas, qu'il a confié pendant 10 ans à son frère Jacques. Ni Gilles ni sa femme ne pouvaient alors s'occuper du petit Nicolas. «Je ne peux pas dire que j'ai eu une enfance géniale», confie Nicolas Proulx, aujourd'hui papa d'un petit Napoléon. Imaginez la joie du grand-père, féru d'histoire et particulièrement de Napoléon Bonaparte.
Sa deuxième femme, Marie-Louise Perreault, Gilles Proulx l'a rencontrée au début des années 70, quand il s'est présenté comme candidat péquiste dans Anjou (il perdra finalement par 638 voix). Et devinez comment Marie-Louise a été séduite par Gilles? Il l'a traitée de «maudite folle»! Incroyable.
Photographe, ardent défenseur de la langue française, grand voyageur, Gilles Proulx a déménagé 23 fois en 20 ans, écrit 13 livres et terminé une maîtrise sur la présence de l'Église dans les médias. Selon son collègue Paul Arcand, Gilles Proulx souffre de ne jamais avoir été reconnu comme un journaliste crédible. «Ça le fait suer», indique l'animateur de Puisqu'il faut se lever au 98,5FM.
Gilles Proulx a peut-être le verbe à droite, mais son coeur est à gauche, souligne sa conjointe actuelle, Bianca Ortolano, une chanteuse dans la jeune quarantaine (lui a 66 ans).
C'est Paul Arcand qui résumera le mieux le paradoxe de l'animateur: il y a Gilles 1, Gilles 2 et on ne sait jamais lequel on rencontre. Si Gilles 1 échappe des sottises en ondes, Gilles 2 est plus posé, agréable et réfléchi. C'est dommage que ce dernier ne prenne jamais le micro.
Source: http://www.cyberpresse.ca