Politiciens intoxiqués
Sébastien Rodrigue
La Presse
De l’arsenic, des produits ignifuges, des BPC et du mercure. L’organisme Défense environnementale a découvert une véritable «soupe chimique» dans l’organisme de quatre politiciens fédéraux.
La ministre de l’Environnement, Rona Ambrose, affiche des taux élevés d’arsenic, tandis que le chef du NPD, Jack Layton, a davantage de polluants atmosphériques dans son sang.
Le ministre de la Santé, Tony Clement, a pour sa part des traces de BPC et le critique libéral en environnement, John Godfrey, montre plutôt une accumulation de produits ignifuges, tout comme ses collègues.
Les députés et ministres ont accepté de fournir un échantillon de sang et d’urine pour mesurer la présence de 103 substances chimiques. Plus de la moitié étaient présents dans le sang des volontaires. Il y avait, entre autres, plus de 50 cancérigènes, près de 40 perturbateurs endocriniens et plus de 30 neurotoxines.
Le directeur général de Défense environnementale, Rick Smith, souligne que ces produits se retrouvent, par exemple, dans la nourriture, dans l’air et dans les produits ménagers. « Nous ne savons pas quelles sont les conséquences d’avoir un tel mélange de produits chimiques », s’inquiète-t-il.
Le nombre de composés chimiques détectés chez les politiciens varie de 49 à 55.
Les analyses montrent aussi la présence de produits chimiques pourtant bannis comme le DDT et les BPC. L’organisme a récemment transmis les résultats aux politiciens. Selon M. Smith, ces données les ont «surpris».
Le directeur général de Défense environnementale soutient que les substances chimiques sont aussi néfastes et négligées que le tabagisme dans les années 70. Il souligne qu’un échantillonnage similaire chez des familles a démontré des niveaux moins importants de DDT et de BPC chez les enfants. Il s’agit, selon lui, d’une preuve des bienfaits d’une interdiction de ces produits. L’échantillonnage des familles avait aussi révélé une présence importante des substances chimiques de toutes sortes.
La Presse a tenté sans succès d’obtenir les commentaires des politiciens cobayes. La critique néo-démocrate en matière de santé, Penny Priddy, indique pour sa part que ces découvertes pourraient être faites dans l’organisme de la plupart des Canadiens. Selon la députée, le gouvernement doit donc prendre des mesures « pro-actives » quitte à bannir dès maintenant des produits dangereux.
En décembre dernier, le gouvernement conservateur a annoncé un plan pour réduire la présence de produits nocifs pour la santé et l’environnement. Ce «plan de gestion» vise à évaluer les substances les plus à risque et à resserrer les critères pour les produits non utilisés au Canada.
Le gouvernement prévoit bannir les produits jugés dangereux au bout du compte.
Lors du lancement de ce plan, le premier ministre Stephen Harper a déclaré que cette mesure permettra de réduire l’accumulation de produits chimiques dans le corps humain.
Source: http://www.cyberpresse.ca