L'ex-chauffeur de Pettigrew poursuit Infoman
Christiane Desjardins
La Presse
Estimant avoir été ridiculisé par la revue de fin d'année 2005 d'Infoman, l'ex-chauffeur de l'ex-ministre Pierre Pettigrew, Bruno Labonté, réclame 400 000 $ en dommages et intérêts à Jean-René Dufort et à la Société Radio-Canada.
Intitulé "l'Ode à Pierre Pettigrew", le sketch litigieux mettait en scène des chauffeurs de limousine qui se dandinaient à la façon Village People et chantaient à la gloire du ministre sur l'air de YMCA. On voulait bien sûr railler le fait que dans le cadre de son mandat, M. Pettigrew avait amené son chauffeur, Bruno Labonté, en voyage à l'étranger à quelques reprises, alors que ce dernier n'avait pas à conduire de véhicule. Cette histoire, déterrée grâce à la loi de l'accès à l'information, avait d'ailleurs causé des ennuis au ministre, qui s'était bien défendu d'avoir dilapidé les fonds publics.
Dans l'affaire qui nous occupe, M. Labonté reproche à Dufort la manière dont il a traité le sujet pour son émission de fin d'année, qui a été diffusée le 31 décembre 2005 à Radio-Canada, et rediffusée le lendemain. Il soutient que par l'agencement de son image, des paroles prononcées et de la musique d'accompagnement, le numéro laissait croire aux téléspectateurs que le chauffeur entretenait des relations extra-professionnelles avec le ministre, et qu'il était son amant. M. Labonté reproche également à Dufort d'avoir utilisé sans son accord sa photographie dans sa version intégrale et dans des versions modifiées où on lui collait des accoutrements qui le ridiculisaient. M. Labonté affirme qu'à la suite de cette diffusion, il a été la cible de propos dégradants et vicieux et qu'il s'est fait ridiculiser par des gens qu'il ne connaissait pas. Ses enfants il en a cinq, âgés de 4 à 20 ans en auraient aussi été grandement affectés. Il soutient qu'une de ses filles lui a téléphoné en pleurant parce qu'on lui avait dit que son père était le "fif à Pettigrew". Bref, il a dû leur expliquer que toutes ces histoires présumant de son homosexualité étaient fausses et qu'il ne faisait que son travail de chauffeur et de responsable de la sécurité auprès du ministre. M. Labonté précise qu'il travaille depuis 17 ans dans la fonction publique à titre de chauffeur et responsable de la sécurité. De 1987 à 1995, il a travaillé pour le premier ministre du Québec, et de 1996 à 2006, il a été affecté auprès du ministre Pettigrew à Ottawa.
M. Labonté soutient que les propos de Dufort ont catalysé l'opinion publique contre lui pour des motifs qui, même s'ils étaient vrais, seraient du domaine privé. Il insiste aussi pour dire que le sketch est resté accessible par Internet et a été étiqueté " à la demande générale ", alors que les autres sketchs de l'émission n'y apparaissent plus. Il raconte qu'à la suite de cette affaire, il a dû prendre des médicaments pour diminuer le stress et l'aider à dormir. Enfin, il soulève le fait que malgré sa grande expérience et sa bonne réputation, il n'a pas pu retrouver d'emploi de chauffeur auprès des ministres du nouveau cabinet, alors que ses collègues en ont tous décroché un. Depuis juillet 2006, il est en arrêt de travail pour dépression. Il réclame 200 000 $ pour préjudice moral et professionnel en raison de l'humiliation, 50 000 $ pour préjudice économique et 150 000 $ en dommages exemplaires et punitifs.
Source: http://www.cyberpresse.ca