Médias: des colosses qui prennent du poids
La Presse
Isabelle Massé
Astral Media, Rogers, Newcap, Corus, Cogeco Comme au Québec, les grands groupes de radiodiffuseurs sont de moins en moins nombreux et de plus en plus lourds.
D'une dizaine, il n'y a pas si longtemps, les réseaux québécois importants sont rapidement passés à sept. En août 2000, Corus s'est en effet porté acquéreur des 14 stations de Metromedia. La même année, Astral a acheté celles de Radiomutuel-Radiomedia (qui détenait notamment le Réseau Énergie). Puis, en 2002, Télémédia a vendu son réseau RockDétente à Astral.
Cette dernière entreprise se tourne maintenant vers le marché anglophone, nettement plus gros. Astral Media, avec l'achat de Standard Broadcasting, n'est pas la première à acquérir un concurrent pour plus d'un milliard. En 2006, CTV/Globemedia a acheté CHUM pour 1,7 milliard.
Les auditeurs des 81 stations du nouveau Astral Media devraient-ils maintenant craindre un aplanissement de la diversité musicale? Devrait-on aussi s'attendre à une diminution du nombre de stations et d'employés? «L'impact à ces niveaux sera à peu près inexistant, croit Pierre Bélanger, spécialiste de la radio et de la télévision de l'Université d'Ottawa. C'est comme si un fabricant automobile achetait Loblaws. Le CRTC ne pourra s'opposer à cette acquisition, car il est peu probable qu'Astral ferme des stations demain matin pour rentabiliser sa transaction. L'entreprise ne fait qu'élargir son éventail de produits.»
«Devant de telles acquisitions, on sent souvent un mouvement émotif anti-consolidation, ajoute Pierre Bélanger. Pourtant, avec les nouvelles règles économiques transfrontalières, on a besoin de colosses dans les médias.»
Les stations détenues par Standard Broadcasting sont populaires dans leur marché. À Toronto, EZ Rock 97,3 AM a une part de marché de 6,1 % et Mix FM 99,9, de 3,5 %. Chez les radiodiffuseurs principaux, Standard obtient le cinquième des parts des heures d'écoute au Canada, selon des données du Broadcasting Policy Monitoring Report de juin 2006. «Standard Broadcasting est une machine à succès, une entreprise très bien gérée, mentionne Pierre Bélanger. Astral ne voudra pas changer une recette qui fonctionne bien.»
Les parts d'heures d'écoute d'Astral s'élèvent désormais à 31 %. L'entreprise de Greenberg est maintenant plus ou moins à égalité avec Corus (28 %). Qui plus est, comme Corus, Astral a maintenant des stations francophones et anglophones au Québec (CHOM-FM et Mix 96 à Montréal notamment).
«Avec les acquisitions récentes, on est en train de créer des champions nationaux, note Pierre Bélanger. Et Astral va devenir la championne des marchés indépendants. Et bonne nouvelle, l'entreprise n'a pas voulu des stations de radio satellite Sirius, une technologie de transition, détenus en partie par Standard. Dire que cette entreprise n'était même pas en radiodiffusion, il y a six ou sept ans.»
Source: http://www.lapresseaffaires.com