Une enseignante poursuit deux journaux de Sun Media
Richard Hénault
Le Soleil
L’enseignante dénoncée en février pour avoir prétendument confiné un élève à un enclos pendant plus d’un mois intente une poursuite de 80 000 $ contre le Journal de Québec, le Journal de Trois-Rivières et quatre de leurs journalistes.
Dans sa requête déposée au tribunal, Ariane Gagnon, l’enseignante de quatrième année d’une école de Shawinigan-Sud, rappelle qu’après avoir épuisé toutes les stratégies possibles pour améliorer la concentration d’un élève éprouvant de graves difficultés, elle avait aménagé pour lui un « espace de retrait » dans la classe. Il y avait accès durant de courtes périodes lorsque le groupe d’élèves devait effectuer silencieusement du travail individuel.
Cet espace était constitué d’un paravent de treillis et l’élève pouvait en sortir en tout temps pour rejoindre ses camarades ou son enseignante. La demanderesse soutient qu’elle ne dérogeait pas des pratiques et des conseils de son directeur, de la commission scolaire et des personnes ressources de celle-ci.
Or, en février, le Journal de Québec titrait : « Enfant turbulent confiné dans un petit coin depuis un mois ». Le journaliste écrivait dans son article : « Une enseignante l’a confiné à un “enclos” afin qu’il ne dérange plus les autres élèves. »
Le même jour, le Journal de Trois-Rivières, propriété de Corporation Sun Média comme le Journal de Québec, titrait : « Écolier de 9 ans isolé en cage ». Une photo illustrait l’« enclos » mais, selon Mme Gagnon, elle ne permettait pas de voir qu’il n’y avait ni toit ni mur à celui-ci.
Une semaine plus tard, le même journal titrait: « Le petit Félix a-t-il été maltraité par son enseignante ? » Selon Mme Gagnon, les articles litigieux étaient truffés de sous-entendus et ils contenaient plusieurs commentaires faux et diffamatoires que la mère et le beau-père de l’enfant auraient faits.
L’enseignante mentionne que, humiliée, troublée et déstabilisée, elle a vu sa santé psychologique subir de lourds dommages à la suite de la publication de ces articles. Elle dit avoir essuyé l’opprobre de la population, à tel point que des menaces ont été laissées dans la messagerie vocale de l’école.
La demanderesse soutient dans son action que les défendeurs ont « heurté de plein fouet les obligations de rigueur journalistique ». Aussi considère-t-elle qu’ils ont commis une faute professionnelle car leur recherche d’informations était volontairement incomplète et tendancieuse
Source: http://www.cyberpresse.ca