Le CRTC abolira les restrictions de publicités

Le CRTC abolira les restrictions de publicités

Nathaëlle Morissette

La Presse

L’époque des restrictions publicitaires sera désormais révolue. À partir de septembre 2009, les chaînes de télévision pourront diffuser autant de minutes de publicités qu’elles le souhaitent, a tranché le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes dans une décision rendue aujourd’hui.

«Le Conseil estime essentiel d’offrir aux téléspectateurs en direct toute la souplesse voulue pour leur permettre de maximiser leurs recettes publicitaires et de réagir aux effets néfastes de la fragmentation de l’auditoire», peut-on lire dans le document rédigé par le CRTC.

La déréglementation se fera toutefois de façon progressive. Jusqu’à maintenant, le CRTC autorisait les télédiffuseurs à insérer un maximum de 12 minutes de publicité sur un total d’une heure, sans compter les auto-promotions. À partir du 1er septembre, les chaînes pourront augmenter le temps de publicité à 14 minutes pendant les périodes de grande écoute, entre 19h et 23 h. Ce maximum passera à 15 minutes en septembre 2008 au cours des 18 heures de la journée de diffusion. Puis, en 2009, les restrictions seront abolies.

Cette décision répond par ailleurs à une demande formulée par Quebecor, propriétaire de TVA, lors des audiences sur l’avenir de la télévision qui ont eu lieu en novembre à Gatineau. La compagnie souhaitait une réglementation plus large en soulignant que la publicité demeure la principale source de revenus des télédiffuseurs généralistes.

TQS et Radio-Canada avaient pour leur part plaidé en faveur du maintient de la réglementation.

Par ailleurs, le CRTC a refusé de permettre aux chaînes généralistes, comme elles l’avaient demandé, d’avoir accès à des redevances.

Source: http://www.cyberpresse.ca

À vos télécommandes, citoyens!

Hugo Dumas

La Presse

Au moins, chers téléspectateurs, notre facture mensuelle de câble ne gonflera pas. On paie déjà pour RDI et les (nombreuses) chaînes spécialisées d'Astral, sans compter nos taxes et impôts qui financent Radio-Canada, Télé-Québec et tous les programmes d'aide à la production d'émissions de télé. Assez, c'est assez. On ne cassera pas notre petit cochon rose pour aider le Mouton noir, non merci.

La moins bonne nouvelle, c'est ce qui pend au bout de nos télécommandes avec l'abolition des quotas publicitaires de 12 minutes l'heure, qu'impose présentement le CRTC aux grands réseaux. En septembre 2009, TVA, TQS ou Radio-Canada pourront insérer autant de pubs qu'ils le désirent dans leur programmation, le CRTC ayant détruit hier les derniers remparts nous protégeant des ritournelles des Résidences Soleil ou des Plaisirs Gastronomiques, en général.

Déjà, des comédies de 30 minutes comme Rumeurs ou Le coeur a ses raisons durent, en retranchant toutes les réclames, à peine 22 minutes. Leur contenu rétrécira-t-il davantage avec les nouvelles règles? Ça peut paraître inquiétant, sauf qu'en grattant un peu, les craintes de voir nos téléromans préférés être encore plus charcutés par la pub s'évanouissent.

Car nous détenons énormément de pouvoir dans cette histoire de déréglementation. Les réseaux conventionnels tartinent et saucissonnent beaucoup trop nos émissions avec l'Indien Lakota ou les castors de Bell? Parfait: nous allons les boycotter. Faisons circuler les coffrets DVD de nos séries préférées. Et achetons-nous des enregistreurs numériques pour zapper, sans aucun regret, la pollution publicitaire. En voyant leurs cotes d'écoute plonger vers celles du canal Argent, les patrons des grands réseaux réajusteront leur stratégie commerciale, croyez-moi.

«Avec le zapping, c'est le consommateur qui va décider de son degré d'acceptation de la publicité», confirme la vice-présidente directrice médias chez Cossette Média, Francine Marcotte.

Et avec l'exode des téléspectateurs vers les chaînes spécialisées, qui grugent des pointes de plus en plus grosses dans la tarte de l'écoute télévisuelle, les grands réseaux ne peuvent se permettre d'écoeurer - excusez le mot - leurs fidèles en étirant l'élastique publicitaire. «Le problème avec l'excès, c'est que les téléspectateurs tolèrent de moins en moins l'encombrement publicitaire. Il y a un équilibre qui va se créer, mais nous allons traverser une petite zone de turbulence», explique le président de l'agence de placement médias Touché !, Alain Désormiers.

Aux États-Unis, où la Federal Communications Commission (FCC) ne limite pas la quantité de pubs dans American Idol ou Desperate Housewives, par exemple, le marché s'est stabilisé autour de 16 minutes à l'heure. Francine Marcotte, spécialiste dans l'achat de pubs télévisées, ne croit pas que les réseaux québécois dépasseront le plafond américain. «Présentement, il y a des stations qui peuvent aller jusqu'à 12 minutes, mais qui ne le font pas. Par exemple, RDI ne diffuse que huit minutes de publicité à l'heure», précise-t-elle.

C'est TVA qui a plaidé pour la suppression du quota établi à 12 minutes l'heure. Le but? Augmenter les revenus des chaînes généralistes, qui traversent présentement une crise, notamment en raison de la fuite des dollars publicitaires vers les nouveaux médias. «Pour des réseaux comme TVA et Radio-Canada, ça pourrait être tentant d'augmenter le nombre de publicités dans les gros shows», remarque Alain Désormiers de chez Touché!

Hier, TQS, TVA et Radio-Canada ont tous assuré qu'ils ne garniraient pas leurs grilles de pubs du matin au soir. Je veux bien les croire. Mais quand un alléchant plat de bonbons s'offre à nous, c'est toujours difficile de ne pas y piger une première friandise. Puis une autre. Et une autre.

Source: http://www.cyberpresse.ca

Pub à volonté

Nathaëlle Morissette

La Presse

L'époque des restrictions publicitaires sera bientôt révolue. À partir de septembre 2009, les téléspectateurs pourraient voir leurs téléromans écourtés au profit de la publicité.

Dans une décision rendue hier, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a tranché: afin d'augmenter leurs revenus, les chaînes de télévision généralistes (TVA, TQS, Radio-Canada, CTV) pourront diffuser autant de minutes de publicités qu'elles le souhaitent.

Le CRTC soutient que cette déréglementation permettra de dénouer en partie la crise financière que vivent les chaînes généralistes, tout en leur permettant d'amorcer le virage vers la diffusion numérique. Dans son rapport, le CRTC a fixé la date butoir du 31 août 2011 pour la transition de l'analogique vers le numérique.

Si les téléspectateurs risquent de voir plus de publicités, leur facture de cablôdistribution, elle, n'augmentera pas. Le CRTC a en effet balayé d'un revers de main la demande des chaînes généralistes qui souhaitaient percevoir des redevances une fraction de la facture du câble au même titre que les chaines spécialisées comme Historia, par exemple. «Le Conseil n'est pas persuadé que le système de radiodiffusion tirerait nettement avantage de cette approche», écrit le CRTC dans un document rendu public hier.

Par ailleurs, la déréglementation de la publicité se fera de façon progressive. Jusqu'à maintenant, le CRTC autorisait les télédiffuseurs à insérer un maximum de 12 minutes de publicité pendant chaque heure, sans compter les auto-promotions et le placement de produits. À partir du 1er septembre, les chaînes pourront augmenter le temps de publicité à 14 minutes pendant les périodes de grande écoute, entre 19h et 23h. Ce maximum passera à 15 minutes en septembre 2008 au cours des 18 principales heures de la journée de diffusion. Puis en 2009, les restrictions seront abolies, «à moins que des facteurs contraires importants ne soient portés à l'attention du Conseil». Rappelons qu'aux États-Unis, aucune limite n'est imposée aux réseaux.

Mais en donnant une telle liberté aux chaînes généralistes, le CRTC ne craint-il pas que les téléspectateurs soient inondés de publicités et qu'ils décident tout simplement d'éteindre leur téléviseur? «C'est à chaque télédiffuseur d'évaluer si le public est prêt à voir plus de publicités et de prendre ses décisions en fonctions de ses stratégies», mentionne Michel Arpin, vice-président du CRTC.

Divergences d'opinions

Les dirigeants des chaînes généralistes sont déçus que le CRTC ne donne pas son feu vert pour leur permettre de percevoir des frais d'abonnement.

En ce qui concerne la publicité, les opinions divergent. Cette décision répond à une demande formulée par Quebecor, propriétaire de TVA, lors des audiences sur l'avenir de la télévision de novembre dernier. Quebecor n'a toutefois pas l'intention de diffuser plus de minutes de publicités en 24 heures, souligne Luc Lavoie, vice-président de Quebecor. Le réseau TVA pourrait simplement répartir son temps de publicité différemment: parfois six minutes par heure, d'autres fois 15, par exemple.

TQS et Radio-Canada avaient pour leur part plaidé en faveur du maintien de la réglementation. D'ailleurs la société d'État n'a pas l'intention d'augmenter son temps publicitaire au-delà de 12 minutes par heure. «Je ne crois pas que c'est une avenue intéressante pour nous, mentionne Sylvain Lafrance, vice-président des services français de la SRC. À un moment donné, on va se heurter à la tolérance des téléspectateurs.»

Du côté de TQS, René Guimond, président et chef de direction du réseau, est loin d'être convaincu que cette déréglementation permettra aux chaînes d'avoir plus de revenus. Il a tout de même l'intention d'augmenter ses minutes de publicité. «C'est sûr qu'on va jouer le jeu mais il ne faut pas non plus prendre le grand public en otage.»

Selon Pierre Bélanger, spécialiste en technologies émergentes à l'Université d'Ottawa, la déréglementation publicitaire aura une incidence directe sur les téléspectateurs et sur l'écriture des productions télévisuelles. «Le plaisir d'écouter un téléroman vient d'être amenuisé puisqu'on va être beaucoup plus interrompus», soutient-il.

Les auteurs devront aussi modifier leur façon de travailler puisqu'il devront tenir compte de l'augmentation du temps de publicité, poursuit M. Bélanger.

Une situation qui inquiète d'ailleurs la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC). «Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les scénaristes, estime le président, Marc Grégoire. Les gens n'écouteront plus la télé. Ça va se transformer en info-pub.»

Source: http://www.cyberpresse.ca