Il succombe à un tir d’un policier de Québec
Élisabeth Fleury
Le Soleil
Québec
L’homme de 52 ans qui a été atteint par au moins un projectile d’arme à feu, vendredi soir, dans le secteur de Neufchâtel, est finalement décédé des suites de ses blessures à l’hôpital de l’Enfant-Jésus. C’est un policier de Québec qui a fait feu sur lui dans des circonstances qui demeurent nébuleuses.
La Sûreté du Québec, qui mène l’enquête par souci de transparence, avait encore très peu d’informations à fournir aux journalistes hier. Seules confirmations obtenues : le décès du quinquagénaire, Ghislain Trépanier, et le fait qu’il ait été atteint par au moins un projectile tiré par un policier.
Le drame s’est déroulé au 6415 A, boulevard Saint-Jacques, après que les policiers eurent reçu, aux environs de 18 h 15, un appel pour un individu en profonde détresse psychologique qui menaçait de mettre fin à ses jours.
Selon une voisine, Claudia Belleau, les policiers — ils étaient deux — auraient forcé la porte pour entrer dans le logement de Ghislain Trépanier. « Il ne voulait pas les laisser entrer », a-t-elle raconté au Soleil, hier matin.
Selon elle, la victime n’avait aucune arme à feu à la maison.
« Peut-être qu’il les a menacés d’un couteau, je ne sais pas. Mais je suis sûre qu’il n’avait pas de fusil chez lui », a mentionné la jeune femme, qui croit avoir entendu son voisin menacer verbalement les policiers.
Le désespéré a-t-il tenté de désarmer un policier ? L’a-t-il menacé avec une arme ? Combien de coups de feu ont été tirés ? Autant de questions auxquelles la SQ n’était pas en mesure de répondre hier. Le Soleil a néanmoins appris que la victime présentait une blessure au thorax.
« Quand je l’ai vu sortir sur la civière, je croyais qu’il s’était poignardé au cœur. Je ne savais pas qu’il s’était fait tirer dessus. J’avais entendu un bruit, mais je ne savais pas que c’était un coup de feu. Après le bruit, j’ai entendu un cri de mort », a raconté Claudia Belleau.
L’heure était suffisamment grave pour que le directeur du Service de police de la Ville de Québec, Serge Bélisle, se présente en personne sur les lieux du drame au cours de la soirée pour s’enquérir de ce qui venait de se passer.
Le conjoint de Claudia Belleau, Nicolas Tremblay, a décrit la victime comme une personne « dépressive, alcoolique et solitaire ». « Les policiers étaient toujours rendus chez lui. Juste cette semaine, ils sont venus quatre fois. Il leur est même déjà arrivé de venir deux fois dans la même soirée. » Dernièrement, les policiers auraient sorti du logement un câble électrique avec lequel le désespéré menaçait de se pendre, a raconté Nicolas Tremblay. « Ils l’amenaient à l’hôpital, mais il finissait toujours par être retourné chez lui. Peut-être qu’il n’y avait pas de place pour lui dans les hôpitaux… », a-t-il laissé tomber.
Du côté de la police de Québec, on n’était pas en mesure, hier. de préciser l’objet des nombreuses interventions policières effectuées au domicile du défunt au cours des derniers jours.
La SQ, qui attend toujours les résultats de l’autopsie, poursuit son enquête. Une fois rédigé, le rapport d’enquête sera soumis à un procureur de la Couronne, qui décidera s’il y a lieu ou non de porter des accusations contre le policier qui a fait feu sur le quinquagénaire.
Les derniers antécédents judiciaires de Ghislain Trépanier remontent à 1998, accusé alors de bris de probation. L’homme avait auparavant été condamné pour des affaires de complot, d’incendie criminel et de menaces de mort.
Source: http://www.cyberpresse.ca