Jeff Fillion se dit endetté jusqu’au cou

Jeff Fillion se dit endetté jusqu’au cou

Richard Hénault

Le Soleil

Québec

S’il faut en croire Jeff Fillion, sa situation financière n’est guère reluisante. Incapable d’acquitter les 125 000 $ d’honoraires d’avocats qui le représentaient, à moins de faire faillite, il doit toujours 171 000 $ à Sophie Chiasson et il n’a pas encore versé sa part des règlements à l’amiable à Dan Bigras et à Nathalie Clark.

« Même si on continue à me taper dessus, je suis éliminé, a déclaré hier l’ancien animateur de CHOI au cours du procès qui l’oppose à Pierre Jobin. J’essaie juste de survivre et de nourrir mes enfants ! »

C’était la cinquième journée de ce procès intenté par le chef d’antenne de TVA à Fillion et à Genex Communication, auxquels il réclame 450 000 $. Le témoignage de Fillion a progressé à pas de tortue, l’avocat du demandeur, Me Marc Paradis, multipliant les objections durant l’interrogatoire de l’avocat de Genex, Me René Dion.

Les accrochages ont été nombreux jusqu’à l’ajournement lorsque les deux procureurs ont échangé aigrement sur des offres de règlement qui auraient ou n’auraient pas été faites. Les reproches entre les deux avocats ont continué jusqu’à l’extérieur de la salle d’audience.

Depuis 2004, Fillion dit vivre un « enfer » : la perte de licence de CHOI, le procès contre Sophie Chiasson, la perte de son emploi. Pendant l’année suivante, le téléphone n’a pas sonné, de sorte que l’animateur a décidé de créer son propre emploi.

Compte tenu des poursuites contre lui, d’ailleurs, Fillion a dit avoir transféré la propriété de sa maison à sa conjointe afin de contracter un emprunt pour se lancer sur Internet. Il y a une semaine, a-t-il ajouté, Sophie Chiasson a fait exécuter son jugement et tous ses comptes ont été gelés.

Interrogé sur ses attaques contre Pierre Jobin, Fillion a pratiquement posé en victime. Selon lui, ce sont des reportages de TVA qui ont suscité la plupart des propos soulevés par le demandeur. Le principal grief du défendeur concerne le reportage sur le tournoi de golf « à saveur érotique » dont CHOI était l’un des commanditaires, durant l’été 2001.

« J’étais hors de moi après avoir vu ma face dans une histoire de partouze à ciel ouvert ! », a lancé Fillion en soulignant que seuls Patrice Demers, propriétaire de Genex, et lui-même avaient été identifiés dans les reportages de TVA comme participants au tournoi. Et oui, il y avait des danseuses sur place, a reconnu Fillion, mais en nuançant quant à la possibilité qu’il y en ait eu d’âge mineur : « J’ai pas vu une fille en bas de 35 ans. Elles avaient toutes des vergetures ! »

D’ailleurs, a-t-il souligné, 50 % de la centaine de courriels reçus à CHOI concluaient qu’il s’agissait d’une « job de chien de TVA ». Avouant ne pas connaître le domaine, Fillion continue à croire qu’un chef d’antenne, tel Pierre Jobin, possède un droit de veto sur les nouvelles qui seront ou ne seront pas diffusées.

« J’ai pas de haine envers personne et j’en ai jamais eu ! », s’est légèrement emporté l’animateur vers la fin de son témoignage. Persuadé d’avoir fait du bon travail dans le dossier de la prostitution juvénile, le morning man s’est défendu d’avoir jamais voulu faire ou remplacer la justice. Il n’en estime pas moins que celle-ci a été dure dans la détermination de l’indemnité à verser à Sophie Chiasson.

Le procès se poursuit ce matin. (mardi 12 juin 2007)

Source: http://www.cyberpresse.ca