Gilles Parent: rester soi-même
Daphné Bédard
Le Soleil
Québec
Dans le monde de la radio, Gilles Parent fait figure d’exception. Au cours des 30 dernières années, l’homme à la langue bien pendue a toujours réussi à se trouver un micro, ondulant entre CJMF (le 93), CHIK (Radio Énergie) et CHOI. Pendant ce temps, il a vu la radio évoluer autour de lui, et pas toujours pour le mieux... De retour au FM 93 cet automne, Parent affirme haut et fort avoir retrouvé le plaisir pur de faire de la radio.
« Je suis très heureux présentement. Je ne réalisais pas que mes deux ou trois dernières années à CHOI pesaient sur mon moral, dit l’animateur du retour à la maison. L’avenir incertain de la station, la vente qui n’était pas finalisée, tout ça dérangeait l’équipe. »
Changements
Gilles Parent connaît d’abord son heure de gloire de 1985 à 1990 à CJMF avec Le Zoo, une émission de sketchs humoristiques qu’il mène avec ses complices d’alors, Alain Dumas et Michel Morin. Dans ses meilleurs moments, l’émission du matin rejoint 173 800 auditeurs. Il déménage ensuite ses pénates à CHIK (maintenant Radio Énergie), où il anime La Jungle, une émission similaire au Zoo. En 2001, autre changement de cap. Il quitte CHIK après une décennie pour CHOI, où il tient les rênes de l’émission du retour. Pris au milieu des poursuites contre Jeff Fillion et la radio X, les audiences du CRTC et l’achat de la station par Radio-Nord, Parent réussit tout de même à garder la tête hors de l’eau.
« Patrice Demers (patron de Genex communications, qui détenait CHOI) m’a toujours reproché de ne pas être un vrai X parce que je ne parlais pas assez de musique, que je n’allais pas voir assez de shows rock, dit-il. Moi, je considère que j’étais un X parce que je travaillais à CHOI et que je voulais que la station marche. »
Au lieu de plaire à un patron ou à l’autre, Parent a toujours préféré ne pas se travestir parce qu’il demeure convaincu que les auditeurs écoutent avant tout un animateur et non une station. « Mon émission depuis six ans, c’est moi, c’est ma vie, mes préoccupations, mon entêtement, ma vision de la société », décrit ce père de trois adolescents. En d’autres mots, c’est à prendre ou à laisser. On aime son genre de radio ou on syntonise une autre station.
Avec trois décennies de bagage radiophonique, Parent voulait plus de responsabilités et d’autonomie. C’est ce que lui a offert le 93, avec qui il a signé un contrat de cinq ans. Ses collègues Dan Poulin et Hugo Langlois de CHOI viendront d’ailleurs le rejoindre en janvier lorsque leur clause de non-concurrence avec la radio X sera terminée.
Gilles Parent l’avoue sans détour, il n’écoute pas beaucoup la radio de Québec, surtout depuis qu’il est abonné à la radio satellite. Il se dit peu impressionné par l’offre radiophonique. « Un des principaux drames de notre média, c’est que beaucoup de patrons et d’artisans ne prennent pas la radio au sérieux, observe-t-il. Quand j’entends dire que des gens arrivent 15 minutes avant leur émission sans préparation — et il y en a beaucoup comme ça —, je trouve ça honteux. Tu ne peux pas te distinguer en ouvrant le micro et en disant n’importe quoi. Très souvent, j’ai honte de notre média à cause de ça. (...) »
Source: Le Soleil, via http://www.cyberpresse.ca