L’Union a 140 ans! Que d’histoires il pourrait raconter!par Hélène Ruel
Demain, jeudi, 14 décembre, il y aura 140 ans, jour pour jour, que paraissait le premier numéro de L’Union des Cantons de l’Est, tel qu’on l’appelait alors.
La une de ce journal de quatre pages offrait aux lecteurs d’Arthabaskaville un long texte, dense et dru, signé de l’Archevêque de Tours, une sorte d’homélie sur la foi, les vertus, la prière.
Le ton était ainsi donné, pour, au moins, quelques-unes des premières décennies de l’existence du journal!
C’est sous l’impulsion de notables, de marchands, de cultivateurs et de prêtres réunis autour du curé-fondateur de la paroisse Saint-Christophe d’Arthabaska, P.-H. Suzor, que naît L’Union des Cantons de l’Est.
«Il faut travailler à la diffusion dans vos Cantons de l’Est, des bons principes religieux, sociaux et politiques. C’est ainsi que nous arriverons à l’Union des cœurs et des esprits dans une même foi et un même patriotisme.»
L’Union, un «personnage»Même au 50e anniversaire de L’Union des Cantons de l’Est, en 1926, on reprenait encore ces paroles de l’évêque de Trois-Rivières, Mgr Louis-François Richer-Laflèche, qui fut, en fait, le parrain du journal, celui qui contribua à la création de son nom.
Il faudrait dépeindre Arthabaskaville, ces «vastes solitudes» qu’étaient alors les Bois-Francs, ces appels répétés du clergé à contrer l’émigration, à défricher, à coloniser, à pratiquer l’«art agricole» pour comprendre dans quel creuset naissait le journal.
Même que, dans un supplément publié à l’occasion du cinquantième anniversaire, le père Georges Leblanc parle de L’Union des Cantons de l’Est, comme d’un «personnage».
En 1866, un an avant la création de la Confédération, il fallait opposer un «bleu» capable de refréner la montée des idées «rouges» et libérales entrevues comme une menace pour la religion catholique.
Après tout, il existe dans la région un autre journal, Le Défricheur, dans lequel un certain Wilfrid Laurier (installé à Arthabaskaville en 1864) véhicule ses idées… libérales!
Une succession de changementsEn 140 ans, le journal a évolué… avec son temps. Survivant à une longue succession de changements. Changements de propriétaires, de format, de rédacteurs, de présentation graphique, de mode d’impression…
Dans un journal, le mode d’impression constitue un élément de la plus haute importance qui en façonne, en quelque sorte, le contenu.
L’avènement de la presse offset dans les années 1960 a radicalement changé l’allure du journal et le regretté éditeur Roger Lussier a su profiter de ce virage pour faire de L’Union un des fleurons de la presse hebdomadaire. «On mettait Gutenberg dehors!», rappelle Marcel Rivard, un des rédacteurs en chef, qui a pourtant couru ses premières nouvelles… à vélo!
En 1966, son prédécesseur, Jean Laurin, écrivait que «calmement, sans défaillir», L’Union des Cantons de l’Est a franchi une à une les étapes les plus décisives de sa vie. «Aujourd’hui centenaire, le journal de la région des Bois-Francs est membre du cercle fort restreint des hebdomadaires de langue française du Canada, qui ont atteint cet âge vénérable», faisant allusion aux hebdomadaires Le Courrier de Saint-Hyacinthe et le Canada-Français.
Témoin de son époqueQuarante ans plus tard, les trois journaux existent toujours, L’Union ayant évolué de façon différente des deux autres. Distribué gratuitement depuis un peu plus de dix ans, l’hebdomadaire a été acquis par le groupe Transcontinental en 1996. Le journal a quitté les mains sylvifranches de Roger Lussier, puis de Michel Gagné en 1988 pour se retrouver d’abord chez les Publications Dumont puis à Cogeco.
En 1994, alors que L’Union fait partie du même groupe que La Nouvelle, les deux salles de rédaction fusionnent. Désormais, les journalistes écrivent, en alternance, dans La Nouvelle et dans L’Union, comme s’il s’agissait d’un bihebdomadaire, l’un paraissant le dimanche, l’autre, le mercredi.
Parce qu’il a toujours témoigné de son époque, L’Union fait partie de notre «héritage patrimonial», comme l’indique Alfred Lamirande, membre de la Société d’histoire et de généalogie de Victoriaville, l’un des instigateurs de ces activités entourant le 140e du journal.
Il rappelle que, pendant longtemps, L’Union des Cantons de l’Est constituait la seule source d’information pour les gens des Bois-Francs. «Une mine d’or pour notre histoire régionale», dit-il encore.
Par un bulletin entièrement dédié à l’histoire du journal, lui-même témoin de l’histoire régionale, un cahier spécial qui sera publié dans L’Union, un brunch-conférence le 28 janvier, le dévoilement d’un panneau historique, la Société d’histoire tenait à marquer ce 140e anniversaire.
Il faut en effet se mettre à plusieurs pour souffler 140 bougies!
Source: http://www.lanouvelle.net
La une du premier numéro de L’Union des Cantons de l’Est le 14 décembre 1866.Par le seul graphisme du titre du journal, on voit le temps passer.C’est cette presse qui a servi à imprimer L’Union des Cantons de l’Est en 1866.